Tratto dal catalogo della mostra NON-FINITO, INFINITO, electa, collana pesci rossi, 2013
in occasione della mostra alle Terme di Diocleziano, Roma
L’ENIGMA DELLA CONTINUITÀ
Per chi scrive non esiste la fine, ma solo l’interruzione. Ci sono, certo, i testi che si lasciano decantare prima di riprenderli. Ma ci sono anche i testi che consideriamo finiti per indicare che possono essere stampati e consegnati ad altri lettori. Ognuno di loro li leggerà a modo suo e dunque li proseguirà. Ci sono anche i testi o i libri che ritorneranno in altri testi o in altri libri, non necessariamente come un seguito esplicito, ma sotto forma di ciò che a volte definiamo stile, e che tuttavia è più di uno stile: un tematica, qualche idea fissa ricorrente, ritorni e talvolta ripetizioni. Come nella vita.
La necessaria incompiutezza di ogni opera letteraria non ha niente a che vedere con l’incompiutezza di una costruzione architettonica: perché la prima esige e prende una continuazione o una eco, mentre la seconda è solo un abbandono, una morte, un aborto. Non ha niente a che vedere neanche con la rovina, che è il ricordo di un insieme perduto che il tempo modella, plasma e, in un certo senso, ricompone.
Le sculture di Paolo Delle Monache non sono né monumenti incompiuti, né rovine. Si fanno eco tra loro, e in questo senso sono più vicine all’opera dello scrittore che si costruisce un libro dopo l’altro.
Si presentano oggi come poetica del frammento, a sua volta frammentaria.
Questa forma di poesia gioca su alcuni enigmi: l’enigma dei piccoli elementi che, unendosi gli uni agli altri, sembrano rovine – rappresentazione di agglomerati abbandonati come se il tempo li avesse distrutti o spopolati – ma sono invece più simili a pezzi intercambiabili di un gioco di costruzioni che può far scaturire altre forme, perfino una silhouette umana.
L’enigma del corpo smembrato (teste e mani con le dita allargate) che si ricompone in figure dall’aspetto vegetale.
L’enigma che nasce dalla convergenza dei primi due: una testa umana assume improvvisamente il volto della solitudine, stretta tra le pareti di una rovina irreale.
L’enigma, infine, di un’opera che si sta costruendo, elemento per elemento, pezzo dopo pezzo, ognuno dei quali è destinato ad arricchirsi progressivamente con l’apporto degli altri.
L’ÉNIGME DE LA CONTINUITÉ
Pour celui qui écrit, il n’y a jamais de fin, mais simple interruption. Il y a ces textes , bien sûr, qu’on laisse reposer. avant de les reprendre. Mais il y a aussi ces textes que l’on dit achevés pour signifier qu’ils peuvent être imprimés et livrés à la lecture des autres. Chaque lecteur les lira à sa façon et ainsi les continuera. Il y a encore les textes ou les livres qui reviendront dans d’autres textes, dans d’autres livres, non nécessairement comme une suite explicite, mais sous la forme de ce que l’on appelle parfois le style et qui est plus que le style : une thématique, la récurrence de quelques obsessions, des retours et parfois des redites. Comme dans la vie.
L’inachèvement essentiel de toute œuvre littéraire n’a rien à voir avec l’inachèvement d’une construcion architecturale. Car le premier appelle et exige une suite ou un écho, alors que le second est un abandon, une mort, un avortement. Rien à voir non plus avec la ruine car celle-ci est le souvenir d’une totalité perdue que le temps modèle, façonne et , d’une certaine manière, recompose.
Les sculptures de Paolo Delle Monache ne sont ni des monuments inachevés, ni des ruines. Elles se font écho les unes aux autres, plus proches, en ce sens , de l’œuvre de l’écrivain qui se construit livre après livre. Elles se présentent aujourd’hui comme une poétique du fragment, elle-même fragmentaire. Cette forme de poésie joue sur quelques énigmes :
Énigme des plaquettes qui, se joignant les unes aux autres, font semblant d’être des ruines – représentation d’ensembles désertés comme si le temps les avait détruits ou dépeuplés ; mais elles sont plutôt comme les éléments substituables les uns aux autres d’un jeu de construction qui peut aboutir à d’autres formes et même à une sihouette humaine.
Énigme du corps démembré (têtes et mains aux doigts écartés) qui se recompose en figures d’apparence végétale.
Énigme née du rapprochement des deux premières : quand une tête humaine prend soudain le visage de la solitude, coincée entre les cloisonnements d’une fausse ruine.
Énigme enfin d’une œuvre en train de se construire, pièce par pièce, pièce après pièce, chacune d’entre elles étant appelée à s’enrichir progressivement de l’apport des autres.
Marc Augé